La pêche en mer exotique devient vite une addiction lorsque l’on y a goûté une première fois. Ces poissons surpuissants que l’on recherche uniquement à vue vous font rapidement tourner la tête. Comme toutes les pêches à vue, le plaisir de la capture est décuplé par le simple fait de pouvoir observer son adversaire dans son environnement puis de le voir venir gober votre mouche. Cette montée d’adrénaline rend fou et vous incite à casser votre tirelire pour y retourner autant que faire se peut !
Le permit est considéré comme l’une des espèces les plus difficiles à capturer lorsque l’on pêche sur les flats et demande aux pêcheurs d’avoir un bon bagage technique, une bonne dose de motivation et d'être un brin masochiste !
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Cela faisait déjà quelques années qu’avec Alex nous n’avions pas fait sortir le backing de nos moulinets sur des espèces exotiques ! Après avoir été chacun de notre côté sur différentes destinations mer reconnues, il a suffi d’un post sur Facebook pour que ce séjour se mette en place et nous retrouver, ensemble cette fois, dans la mer des Caraïbes, au sud-est du Mexique, à la frontière avec le Belize.
La location d’un SUV s’est avérée être une très bonne idée vu l’état du chemin en terre qui sert de route pour longer la côte et accéder aux coins de pêche
Après plus de 30 heures de voyage, nous voici enfin arrivé à Xcalak, qui se trouve à 5h de route au Sud de Cancun, et retrouvons notre premier hébergement à Acocote Eco Inn. Les pieds dans le sable avec une vue extraordinaire et un beau couché de soleil, une margarita en main, les longues heures de trajets seront vite oubliées et les discussions pêche débuteront dans une ambiance joyeuse quelques peu alcoolisée ! Les anecdotes de nos précédents voyages fusent. Nous nous remémorerons ces bons souvenirs et avons déjà hâte d’en découdre avec nos prochaines prises, qui lorsque l’on s’attaque au permit peuvent être aussi illusoires qu’imprévues.
Une fois les sacs déchargés, et quelques cocktails consommées, nous montons notre matériel en vue de notre première sortie avec un guide local pour profiter de leurs conseils avisés et démarrer notre semaine. Même si cette destination se prête particulièrement bien au DIY (Do it Yourself), il est toujours judicieux d’avoir recours aux guides locaux pour récupérer de précieuses informations : meilleurs coins, mouches, présentations et animations et « s’assurer » de voir quelques poissons.
Plus au Sud que la fameuse Baie D’Ascension, véritable Mecque du permit, que nous avions tout deux visité lors d’un précédent voyage, le secteur entre Xcalak et Mahahual offre de nombreux avantages. Il est possible de pêcher dans la grande Baie de Chetumal qui délimite la frontière entre le Belize de Ambergris Caye et la province de Quintana Roo au Mexique, ainsi que sur la côte en mer des Caraïbes et d’y capturer de nombreuses espèces, avec notamment de très grandes chances pour le permit, notre espèce favorite, que nous allons principalement rechercher lors de ce séjour.
Pour rechercher le permit, localement appelé palometa, il est important d’avoir plusieurs cannes montées. Une canne d’action rapide ou mer de puissance 9 est un passe-partout, alors qu’une soie de 10 pourra être d’une grande aide si le vent souffle (souvent le cas en exo) et pour lancer des mouches plus volumineuses et/ou lestées. C’est un confort fort appréciable à ne pas laisser de côté. Cette canne pourra également servir pour le tarpon, ou encore gros jack (carangue), barracudas… Une canne de puissance 8 pourra quant à elle servir pour le bonefish, et le permit dans des conditions plus clémentes ou sur des poissons de taille modeste. Une canne de secours ne sera pas de trop, en cas de casse, car une fois sur place, il serait dommage de se retrouver sans quoi pêcher ! Le moulinet devra obligatoirement être de bonne facture car il sera certainement mis à rude épreuve et c’est un des point clef pour mettre au sec ces palometas sur-vitaminées qui déroulent le backing. Une soie mer tropicale de type Rio Permit, Redfish ou « General purpose » est un must (une de rechange également). Ces soies permettent de lancer à grande distance et tourner sans problème nos imitations de crevettes et crabes souvent lestées. Un bas de ligne de 12 à 15 pieds (3,60 à 4,50m voir plus) de type Rio saltwater, qui se termine en 16 à 20 livres est la norme, pour rester discret sur ce poisson si capricieux, viendra compléter l’ensemble.
boite à mouche pour le tarpon
Boite à crabe pour le permit
Boite de crevettes en tout genre pour le permit
Mon équipement pour la pêche sur les flats :
l’excellent sac étanche Infladry de HPA, canne SAGE MOTIV, moulinet Redington Behemot, et soie Rio Redfish
Ouverture du bal en Baie de Chetumal
C’est dans la Baie de Chetumal que le guide local, Andres et son assistant, nous emmèneront pour commencer les « festivités ». Nous nous retrouverons rapidement confronter aux légendaires permits, dès la première dérive, qui, comme nous nous y attendions, nous feront de beaux refus dans les règles et nous feront comprendre que nous étions bien arrivés dans un des meilleurs spots de la planète pour rechercher la palometa mais comme ailleurs, qu’elles allaient se mériter !
L’important pour la pêche de ce poisson très convoité par les aficionados de la pêche en mer, c’est de réussir à lancer loin (+ de 15m), vite (3/4 s) et précis. Selon la situation, il faudra aussi analyser rapidement le comportement et déplacement de votre adversaire, qui contrairement au bonefish, change constamment de direction.
Après une excellente journée où nous verrons entre 50 et 100 permits, rien que ça !! sous toutes leurs formes, c’est à dire en « cruising » , déplacement sous la surface, et en « tailing » qui vient de tail (queue) lorsque les permits inclinent leur corps pour venir se saisir d’une proie sur le fond et laissent apparaitre leurs nageoires caudales et dorsales, nous rentrerons bredouille, à la fois contents et un peu frustrés, comme c’est bien souvent le cas lorsque l’on recherche ce poisson aussi mythique que fantasque ! L’important c’est d’avoir des « shots » ou lancers, car plus vous avez d’opportunités plus vos lancers deviennent performants, vos animations adaptées et donc vos chances de capture accrues.
Il faut avoir l’œil aguerri pour repérer ces queues de permit en tailing qui percent la surface de l’eau par intermittence.
La pêche en wadding du permit permet de s’approcher discrètement des poissons en tailing et d’avoir plusieurs opportunités
Le permit, ou encore palometa (trachinotus falcatus) se nourrit essentiellement de crabes et crevettes qu’il vient souvent chercher dans peu d’eau.
Le deuxième jour, nous irons pêcher par nous même en DIY, et nous choisirons de retourner, en wading cette fois, dans la Baie de Chetumal proche de notre hébergement, sur un des rares accès par la route que nous a gentiment confié Rob de Acocote Eco Inn. Nous commençons par rechercher les bonefish qui se nourrissent ici dans une petite baie, dans très peu d’eau où ils viennent sur des concrétions calcaires pour trouver crabes et crevettes. Nous avions aperçu leur tailing de loin sur ces eaux lisses dû à l’absence de vent. La luminosité est très faible, donc compliquées pour la pêche à vue et nous distinguons simplement les vaguelettes provoquées par le déplacement des poissons et par moment leurs queues qui percent la surface lorsqu’ils viennent prendre une proie sur le fond. C’est une pêche très technique, surtout dans ces conditions lorsqu’il est impossible de voir les poissons, mais très divertissante. Nous aurons un peu de mal à trouver comment les prendre malgré que les bonefish soient très souvent beaucoup plus faciles à prendre que le permit, mais parfois dans certaines conditions cela peut devenir une pêche plus fine et plus technique. C’est Alex qui aura la primeur de prendre le premier bone et de ce fait le premier poisson du séjour. C’est avec l’un de ces petits crabes très peu lestés qu’il déjouera la méfiance de ces torpilles mexicaines. En effet, lorsque l’on pêche dans peu d’eau et que la surface est lisse, il faut pêcher léger et être très discret en terme de présentation. Nous avions une pointe de deux fois la longueur de la canne qui se terminait en 14 à 16 lbs. Avec un peu de soleil, il est possible d’anticiper leur déplacement afin de présenter la mouche sur le fond en amont de leur trajectoire et attendre qu’ils soient à proximité de la mouche avant de l’animer. Dans le cas contraire, il faut bien observer pour ne pas lancer sur un poisson qui partira à toutes nageoires s’il reçoit la mouche trop près ou sur la tête et fera fuir tout le banc. Ils seront chipoteurs et nous n’en prendront que deux chacun. Mais sur de beaux coups de ligne. Puis nous longerons la bordure pour aller voir dans plus d’eau si des permits seraient actifs. Nous n’en verrons que quelques-uns malheureusement trop loin du bord pour pouvoir les attaquer. Le coup du soir se fera devant notre hébergement sur la plage où nous ne verrons aucun signe de vie.
Bonefish en DIY dans très peu d'eau .. super fun!
Rafale de refus
Pour notre troisième jour, nous retournons avec le guide local, Andres, qui nous emmènera à nouveau dans la Baie de Chetumal en bateau, sur la même bordure que le premier jour. Après une belle averse, le soleil pointe le bout de son nez et le vent tombe. Nous avons alors des conditions idéales pour repérer les permits mais peut-être pas pour les pêcher. D’ailleurs, nous tenterons de nombreux poissons en déplacement et en tailing parfois en descendant du bateau afin d’être plus discret et d’avoir plus d’opportunités de lancer, de changer plusieurs fois de mouche, voire de présentation/animation. Les poissons ne semblaient pas stressés et continuaient à se nourrir devant nos yeux ! Aucun intérêt, ni même suivi ?! Nada ! C’est rageant, mais c’est monnaie courante lorsque l’on recherche le permit. Nous retentons depuis le bateau qui permet de mieux suivre les groupes de poissons en déplacement, et de bien voir leur comportement vis à vis de nos imitations étant en surplomb depuis la poupe du « panga », bateau typique de cette partie des Caraïbes, très stable et discret.
Lorsque vous pêchez des permits en maraude, il faut soit voir les poissons, soit être très attentif et repérer les eaux nerveuses (nervous waters ou aguas nerviosas) qui trahissent leur présence. En effet, lorsqu’ils nagent sous la surface, ils provoquent une vague ou perturbation de l’eau, qu’un œil aguerri peut rapidement percevoir. En wadding, c’est très souvent de cette façon que vous parviendrez à proposer votre mouche sur ces palometas. Il faut dans ce cas anticiper le déplacement tout en lançant assez près, car ces poissons changent souvent de direction. Un lancer à 2 à 3 m devant le poisson ou le groupe de permits est généralement employé, puis animez votre crevette (plus efficace dans ce genre de situation) rapidement pour intercepter leur trajectoire. La touche peut intervenir quelques secondes après l’impact de la mouche, mais plus souvent vous aurez un suivi conclu d’un beau refus ou dans le meilleur cas une belle touche !
En tailing, l’approche est tout autre. Le ou les poissons se nourrissent et ont leur attention fixée sur le fond. Il faut dans ce cas déposer délicatement votre imitation de crabe ou crevette 1 à 1,50 m de votre cible puis la ramener doucement afin que celle-ci soit juste devant son nez au moment où il relève la tête. Toute la difficulté réside dans la présentation et bien évidemment la « conformité » de votre mouche selon l’humeur du poisson. Les touches peuvent parfois être subtiles. Ferrez dès la moindre anomalie.
Au vu des conditions de pétole peu propices, et aux comportements des permits qui s’effrayent du moindre posé même discret, le guide décide d’aller sur un spot avec plus de courant, à la sortie du bras qui relie l’océan à la Baie.
Nous venons d’essuyer je ne sais combien de refus (qu’il ne vaut mieux pas compter pour ne pas entrer en dépression), mais il est très important de rester confiant et serein. C’est une pêche qui nécessite un moral d’acier car même si vous faites un long lancer parfait, une belle animation avec la plus belle de vos mouches, les permits ont l’habitude de refuser ! Comme si quelque chose manquait à notre imitation ? J’ai souvent entendu dire et pensé que ces poissons avaient un odorat très développé et que l’odeur et le goût devaient jouer un rôle important dans leur réflexe alimentaire.
Enfin les premiers permits
Alex est à l’avant du panga, car pour ce type de pêche il faut mettre en place une rotation (un seul pêcheur en action à la fois), et comme par magie sur un énième bon lancer, un permit suit avec envie puis coffre sa mouche. Fish on ! Wow, quelle montée d’adrénaline ! Ça y est, le premier permit est piqué et pars en trombe. La soie fuse dans les anneaux puis le backing. Une sensation de joie traverse le bateau, cependant contenue par l’appréhension de perdre ce premier poisson avant la fin du combat. Rien n’est jamais gagné avec ces vaillants combattants, très puissants et endurants. Ils sont vraiment taillés pour la vitesse et il faut rester concentré jusqu’au bout, surtout en fin de combat (pensez à desserrer un peu le frein en phase finale dans le cas d’un dernier gros rush lorsque votre bas de ligne est en partie dans les anneaux, cela vous évitera quelques déconvenues). Après plusieurs longues minutes de lutte acharnée, la canne d’Alex continue d’amortir les rushs et coups de tête. Le poisson fatigue et se présente bien au bateau. Bingo, le guide le saisit par la queue ! Alex se libère en lâchant un cri de joie qui fait plaisir à tout le monde. Un vrai travail d’équipe. Mon compagnon est super heureux car il valide son séjour avec cette première prise !
Premier permit du séjour pour Alex qui ouvre le bal ! Un premier poisson permet de valider son voyage et d’aborder le reste du séjour plus détendu !
Un travail d’équipe ! La joie se lit sur nos visages
Tout l’équipage est soulagé et cela met du baume au cœur et remotive tout le monde pour la suite de la journée. Avec grande courtoisie, mon compagnon de pêche me cède la place et m’annonce que toutes les prochaines opportunités seraient pour moi. Sa mission étant accomplie !
Nous mangeons rapidement notre repas du midi et réattaquons. Les permits sont en maraude entre le canal et le début de la baie. Je tenterai un certain nombre de mouches sur de nombreux poissons mais sans succès. A part quelques suivis et la prise d’un jack plus rapide qu’un des permits visés (il arrive qu’ils soient ensemble), toujours pas de palometa pour moi. Je suis serein mais un peu dépité quand même. Ça va venir… Le premier poisson est toujours très important pour la confiance et pêcher serein. Nous passons du côté océan en longeant la côte entre la plage et le reef (barrière de corail) pour changer de terrain de jeu et trouver des conditions plus ventées où les permits seraient peut-être plus conciliants. Je change encore plusieurs fois de mouches car pour le moment ma confiance est quelque peu ébranlée. Comme pour toutes les pêches, il est très important de pêcher en toute confiance pour être efficace. Je remets donc une imitation de crevette couleur olive, montée par mes soins, car nous pêchions surtout sur de l’herbe à tortue et qu’Alex venait de prendre le sien avec une EP (Enrico Puglisi) mantis shrimp olive ! Il est primordial d’utiliser une mouche de la même couleur que le fond où vous recherchez vos poissons.
Joli jack qui viendra chiper la mouche destiné à un permit ! Ces poissons de la même espèce (carangue) peuvent parfois se balader ensemble
Un petit groupe de permit se présente à nouveau et semble tourner à proximité d’un enrochement où ils doivent trouver leur nourriture. Après plusieurs essaies en terme d’animation, l’un d’eux s’empare de ma mouche et me libère de cette tension très palpable de début de séjour. C’est un petit permit, mais comme tous les guides et pêcheurs internationaux le disent : « A permit is a permit ! ». Le soir nous tentons le tarpon en kayak dans une lagune pour valider le Grand slam mais sans succès. Pas d’activité !
Nous fêterons cette journée dignement avec de bons cocktails et un très bon restaurant, et allons maintenant aborder le reste de notre séjour plus détendus. Cependant, des questions persistent. Pourquoi avons-nous autant de refus ? Nos mouches sont-elles pêchantes ? Nos animations, posés sont-ils adéquats ? Malgré que nos guides nous aient bien affirmé que tout était conforme et que nous avions bien pêchés, il y a certainement des choses que nous pouvions améliorer. Souvent les guides disent qu’il ne sert à rien de changer de mouches trop souvent, mais par contre bien l’adapter à la profondeur des postes, couleur du fond. La plupart pêchent avec des imitations de crevettes (mantis) bien plus souvent que les crabes pourtant si réputés pour le permit. L’animation est aussi un facteur important qu’il faut toujours adapter, modifier en fonction du comportement des poissons. Les guides affirment également qu’il est plutôt question de trouver un permit mordeur et avoir le maximum de « shot ».
Mon premier permit du séjour, qui, même petit, me fera très plaisir et me délivrera de cette tension de rentrer bredouille car au permit rien n’est jamais garanti !
Ma sélection de mouche pour les permits mexicains (flexo crab, EP mantis shrimp, crabe tan, avalon, et crevette mantis)
Mahahual, deuxième point de chute
La journée suivante, nous allons changer d’hébergement pour nous rendre sur Mahahual, autre secteur intéressant pour le permit. Avant cela nous retournons sur un joli coin où nous étions allé le deuxième jour au coup du soir et avions vus plusieurs trigger fish ou balistes, et quelques permits, mais sans succès malgré de belles occasions.
Après un peu plus d’une heure de route nous voici sur Mahahual et retrouvons notre deuxième hébergement situé dans le centre-ville. Un appartement très confortable, avec climatisation, et piscine ! Nous mangeons sur le pouce puis partons à l’aventure pour trouver de nouveaux secteurs de pêche. Il est d’ailleurs plus que judicieux de faire des recherches avant votre voyage si vous partez en DIY. De nos jours avec internet, il est possible de récupérer de précieuses informations qui vous feront gagner du temps une fois sur place. Sur certains groupe Facebook, notamment Flatsbag, d’autres pêcheurs partageront leur expérience et pourront vous renseigner et vous éviter de nombreuses déconvenues tout en gagnant du temps. Nous avions donc quelques informations et avions consulter google earth et différentes applications pour trouver plusieurs coins de pêche qui nous semblaient intéressants. Une fois sur le terrain, il arrive cependant de se retrouver face à des complications que ce soit au niveau des accès, ou zones peu alléchantes. Cela fait perdre un temps précieux mais fait partie des aléas de la pêche sans guide.
Nous tardons donc à trouver un spot que personne nous avait indiqué, qui s’avèrera être « the office » ou ce qu’appelle l’excellent Nick Denbow, guide britannique installé depuis près de 20 ans sur ce secteur et avec qui nous avions programmé une sortie le jour suivant, son « bureau ».
J’aurai rapidement de belles opportunités, et prendrais tout d’abord un petit permit dans le surf. Je lui ai présenté ma crevette préférée qu’il a pour une fois engamé sans hésitation ! Même si celui-ci est de petite taille, c’est toujours très agréable d’en prendre en DIY. Peu importe leur gabarit, le permit est très puissant et vous sortira la soie et très souvent du backing. Et chaque permit compte !
Sur ce genre de pointe rocheuse, vous verrez également de nombreux (grey) trigger fish, baliste grise ou encore « cochito » en espagnol, qui s’activent de la même façon que les permits. Ils viennent très près du bord là où les vagues cassent pour se saisir de leurs proies qui se retrouvent chahutées. Il faut être attentif et bien regarder dans le creux des vagues. Vous pourrez ainsi déceler une ou plusieurs nageoires foncées ou un flash brillant passer à toute vitesse lorsqu’il s’agit de permits. Les triggers eux sont très foncés et faciles à repérer et restent plus longtemps sur ce genre de poste et vous offriront plusieurs opportunités. Cependant, leur pêche est déconcertante, car ils peuvent être parfois très voraces et d’autre complètement désintéressés, voire craintifs !
La baliste grise ou cochito en espagnol a une dentition très particulière qui lui permet de casser la carapace ou coquille de ces proies. C’est un poisson très difficile à ferrer mais très divertissant à pêcher.
Le Trigger fish ou baliste est l’une des espèces que vous pourrez capturer au Mexique, notamment sur les pointes et bordures rocheuses, là où ils viennent se nourrir des petites crabes, crevettes et coquillages
Pour ferrer le trigger, il faut avoir suffisamment de chance pour que le piquant de l’hameçon se plante dans la lèvre. Les ratés sont fréquents ainsi que les coupes lorsqu’ils engament trop profondément la mouche.
Peu de temps après mon permit, je prendrai donc mon premier trigger en tailing sur cette pointe rocheuse, à la recherche de crabes et crevettes. Dans ce cas, il faut leur proposer une imitation de crabes pas trop lestée, mais nous verrons plus tard que les crevettes fonctionnent très bien, lancer à proximité (1 à 1,5 m), puis animer par des petits strips rapides et secs pour attirer leur attention. Une fois qu’ils ont vu la mouche, très souvent ils foncent dessus puis la suivent. Il faut alors laisser redescendre la mouche tout en gardant la tension en exerçant un long strip lent afin de sentir la tirée en cas de touche et ferrer avec la soie. Il arrive fréquemment de ne pas arriver à les piquer car ils ont une petite bouche et de grosses dents qui leur permet de casser les carapaces et coquillages. Il faut alors relancer et retenter. Avec un peu de chance votre trigger reviendra sur la mouche et vous le piquerez dans la lèvre. Une fois piquée, la baliste est très puissante par rapport à sa taille et vous fera un ou plusieurs bons rushs. Bien faire attention lorsque vous la décrocherez car leur dentition ne pardonne pas. C’est pour moi une nouvelle espèce, même si aux Seychelles j’avais déjà capturé un « yellow margin trigger fish » beaucoup plus coloré.
Une fin de séjour en apothéose!
La journée suivante nous aurons rendez-vous avec Nick à 6 :30, bien avant le levé du jour. Ce sera une de nos meilleures journées de notre séjour autant pour l’ambiance qui règne en sa présence que pour la pêche. Après un début timide où Alex tentera de faire son premier trigger, et des spots à permits vides, juste au moment de la collation du midi, la pêche deviendra incroyable avec de nombreuses occasions sur permits, bones et jacks. Nous enchainerons les captures, feront un doublé de bone, puis un doublé bone-permit, et nous prendrons également nos plus gros permit du séjour ! Nous vivrons 2/3 heures d’une intensité hors norme, fort appréciable. Nous sommes sur un petit nuage et apprécions chaque minute.
Doublé de bonefish avec mon pote Alex
En milieu d’après-midi, une fois l’activité redescendu sur notre plage, nous partons sur un spot à tarpon car nous avions envie de tenter le Grand Slam (surtout moi) ayant tous deux pris permits et bones. Nous arrivons alors dans un petit canal peu profond, qui ne paye vraiment pas de mine, où des tarpons auraient été bloqués il y a plusieurs décennies lors de grosses pluies et crues. Nick est aussi excité que nous, et nous dit que ce coin regorge de baby tarpon entre 1 et 4 kg et que nous devrions avoir de grandes chances de concrétiser. Malheureusement rien ne roule à la surface. Aucune activité ! Nick nous explique que la température extérieure et de l’eau sont trop basses. Après une demi-heure, rien n’y fait et décidons de retourner voir les permits.
Premier trigger dans la vie de pêcheur d’Alex. Certains jours ils peuvent paraître boulimique et taper dans tout ce qui bouge, et pourtant la plupart du temps ils sont assez compliqués à faire mordre.
Alex en fin de journée, prendra, en compagnie de Nick ses deux premiers triggers, et j’en ferai de même de mon côté, tous deux avec des imitations de crevettes et cette fameuse technique presque imparable, que je vous ai expliqué plus haut.
Nick nous apportera pas mal de réponses à nos questions sur la pêche dans ce secteur et nous dirigera gentiment sur certains de ces coins préférés pour les derniers jours de notre voyage.
Nous finirons la journée au bar de plage le Nohoch Kay Beach Club (très bonne adresse) pour fêter cette journée inoubliable. Nick en profite pour raconter à ses amis une anecdote invraisemblable qui aurait pu nous coûter cher ! En effet lors de cette journée nous sommes tombés sur un paquet suspicieux qui s’avèrera être une cargaison de cocaïne, que les militaires viendront récupérer 3 minutes après que nous ayons arrêté de jouer avec !! Nous aurions pu finir au trou pour de longues années ou avoir à verser une sacrée somme d’argent pour nous dépêtrer de cette situation. Nous en rions maintenant mais cela aurait pu sacrément mal tourner !
Recherche du trigger fish en tailing sur une bordure/pointe rocheuse en compagnie de l’excellent guide, Nick Denbow
Le permit s’attrape par la queue fourchue en fin de combat. Si vous pêchez à deux, votre compagnon vous sera d’une grande aide dans ce moment crucial
Le reste du séjour nous pêcherons en DIY et aurons une autre super journée sur une plage où les permits seront plus conciliants. Nous ferons de beaux permits, bones et une nouvelle espèce de jack, le lookdown ou sélène, suivi de deux journées plus compliquées où néanmoins nous tirerons à chaque fois notre épingle du jeu par la capture de quelques poissons sur ces magnifiques flats mexicains qui nous auront bien gâtés. Un super séjour et destination validée. Hâte d’y retourner !
Encore une nouvelle espèce de validée pour nous deux durant ce séjour. Un lookdown ou sélène, une autre espèce de carangue qui cependant reste de taille très petite.
Joli permit mexicain capturé sur la SAGE MOTIV 9' #9. Pour vous protéger du soleil, Costa et d'autres grandes marques proposent lunettes, chemises, pantalons et sous-vêtements spéciaux
Infos voyage (pour en savoir plus me contacter sur www.jeanbaptistevidalguidepeche.com)
Zone
Entre Xcalak et Mahahual, Province de Quintana Roo, Mexique, il est possible de pêcher avec ou sans guide sur de nombreux secteurs. Les guides sont un plus pour pêcher en bateau des zones éloignées, la Baie de Chetumal ou encore les nombreuses lagunes peuplées de tarpons et snooks. Leur expérience est également souvent précieuse, notamment si vous n’avez jamais pêché en mer exotique ou dans cette zone/pays.
Cette destination est c’est certainement un des meilleurs coins de pêche pour le DIY, notamment pour le permit.
Espèces
Bien sûr cette région du monde est surtout connue pour la pêche du permit ou palometa, mais c’est aussi un haut lieu pour réaliser un Grand Slam (tarpon, bonefish et permit) ou Super Grand Slam (avec un snook en plus).
De nombreuses espèces de jack, mais aussi, barracuda, snapper ou vivaneau, pompano, et autres espèces peuplent ce secteur.
Mouches
Permit : Mantis shrimp, Avalon, Verveka’s mantis, Squimp, et crevette olive et tan (avec tag ou patte orange) en tout genre (taille 2 et 4) avec différents lestages (chainette et yeux diabolo 4 mn).
Crabe tan, olive, blanc en taille 2 et 4.
Monnaie / change (1 Euro = 20 pesos au 15/02/20)
Il est nécessaire d’avoir des Pesos Mexicains pour divers achat sur place : nourriture, carburant, restaurants locaux,…
Guide, restaurant et hébergement payable également en dollars US et certains en CB (attention aux frais).
Location de voiture
Pour ce genre de séjour, je recommande la location d’un SUV qui permet de rouler sereinement sur le chemin de terre en mauvais état qui longe la côte et vous permet d’accéder aux coins de pêche.
Il faut compter 5 heures de route depuis Cancun. Prendre du carburant à Mahahual. Pas de station-service à Xcalak.
Nous avions loué avec America Rent A Car à Cancun via internet. Aucun souci. Transfert aéroport A/R inclus.
Bien prendre toutes les assurances pour vous couvrir en cas d’accident, bris de glace/crevaison, …
Ne jamais rien laissé dans la voiture durant vos parties de pêche. Vol et casse de votre voiture possible.
Hébergement
Il existe de nombreuses possibilités pour s’héberger dans ces deux villes. Hôtel, Chambres, AirBnB.
A Xcalak
http://www.acocoteecoinn.com/ où nous sommes restés. Rob Mukai le propriétaire est un pêcheur et vous donnera de nombreuses informations pour la pêche et se pliera en quatre pour faire de votre séjour une réussite. Il fait d’excellente margaritas !
A Mahahual Nick propose des hébergements. Vous pouvez également le contacter pour avoir d’autres adresses selon votre budget ou chercher sur le net.
Guides
Pensez à réserver votre guide à l’avance.
- Osprey Tour Fly Fishing à Xcalak. Rob Mukai de Acocote Eco Inn peut vous réserver un guide local. Compter 300 $US + pourboire (50$ en moyenne)
- Nick Denbow – le seul et incontournable guide de pêche à Mahahual. Une valeur sûre.
Journée de 6 heures : 275$US et 350 $US pour 10 heures + pourboire
Livre:
Fly Fishing the Yucatan – Rod Hamilton with Rhett Schober and Nick Denbow
https://www.amazon.com/Fly-Fishing-Yucatan-Rod-Hamilton/dp/1493027174
Merci à Simon de Truites & Cie pour la mise en ligne de mon article sur notre séjour au paradis du permit!