Cela fait des années que je me dis qu'il faut absolument me mettre à la pêche du bar à vue en estuaire après avoir traqué ce poisson aux streamers et aux leurres il y a plus de 10 ans déjà.
La Bretagne offre un terrain de jeu exceptionnel pour cette pêche technique et passionnante, possédant de nombreux estuaires tous très intéressants et aux décors surprenants, où l'on traque de très beaux bars dans peu d'eau à l'instar de la pêche exotique des flats que j'affectionne depuis plus de 8 ans.
Voici le récit de mes premières armes au bar à vue, ce prédateur hors du commun!
(crédits photos de la photo d'introduction: Franck Ripault)
L’an dernier je tentais pour la première fois la pêche du bar à vue à la mouche en estuaire après avoir longtemps entendu parler de cette technique de part mes connaissances dans cette pêche du bar à vue notamment aux leurres par Nico (Nicolas Cadiou), Boris, mais aussi Franck Ripault l’inventeur du « petit enragé », ce petit crabe au réalisme déroutant qui prend du bar mais pas seulement !
Le magnifique crabe ou "petit enragé" de Franck Ripault, une valeur sure!
Après avoir eu la chance de voir Nico et Boris prendre des très gros bars lors de sorties en « touriste » les années passées, en Juin dernier je décide d’aller faire un tour sur l’estuaire de l’Aulne ayant un creux dans mon planning.
Boris m’indique un coin qui finalement ne sera pas l’endroit où j’atterrirai puis avec hâte je débarque au bord de l’eau et cherche d’après les quelques notions que j’avais cru comprendre ce qui pourrait faire l’objet d’un spot à bar étant complètement novice dans cette pêche. Je longe une bordure et cherche à comprendre les infos de Boris mais le spot n’y ressemble pas trop (normal c’était pas là !) et scrute lentement l’eau à la recherche d’un indice, une caudale, une forme sombre en déplacement, un mouvement d’eau mais après 30 mn toujours rien…
Ma première sortie au bar se fera sur l'estuaire de l'Aulne - Un joli spot
Une bordure où les algues et autres fucus attirent les bars à la recherche de crabes
Je continue concentré, le coéf n’étant pas trop mal, la visibilité assez bonne et donc je gardai espoir. Tout à coup, j’aperçois une belle masse sombre qui se déplace sur le fond dans 60 cm d’eau, mais ne distingue pas très bien le poisson, sa taille… Je lance mon « petit enragé » couleur marron en anticipant le déplacement du poisson afin que le crabe tombe à la bonne profondeur au moment où le bar passera. Lorsque mon crabe se trouve proche du fond, je réalise un léger strip afin d’attirer l’attention du bar qui finalement n’en étaient pas un mais deux bars évoluant côte à côte ! Les deux formes se précipitent sur mon imitation puis stoppent net.. j’attends un court instant avant de ferrer à l’instinct, imaginant que l’un deux avait engamé ma mouche, et un poids se fait sentir au bout de la canne. Bingo ! mon premier bar était bien dessus et bientôt dans mes mains!
Mon premier bar à vu à la mouche en estuaire - un bon début!
Voilà comment le virus de cette pêche a commencé. Je n’ai pas pu y consacrer beaucoup de temps en 2015 puisque j’ai réalisé que 2 sorties à la suite de ma première prise.. mais cette année je me suis dit qu’il fallait absolument persister et que je m’y mette sérieusement. Le début d’une longue histoire qui ne fait que commencer !
Le décors est splendide par endroit surtout avec les couleurs automnales
Courant juin de cette année, avec mon amie nous déménageons pour le Finistère Sud, tout proche de Quimperlé afin de développer mes activités professionnelles de moniteur-guide de pêche sur les magnifiques rivières à saumons que comporte cette zone, notamment l’Ellé, la plus belle et intéressante rivière du Finistère et de Bretagne (avec le Léguer), l’Isole sont affluent principal, mais également l’Aven ainsi que le Scorff dans le 56.
Une zone donc très intéressante surtout pour le saumon bien sûr, mais également pour la truite, l’alose et par chance proche de très bons estuaires pour le bar !
Après une saison très chargée entre mi-mars et fin Octobre, du fait de mes activités prof. faisant de 2016 l’année où j’aurai le moins pêché depuis mon arrivée en Bretagne (arrivée en 2000 !!) je décide de consacrer les petits créneaux libres de fin de saison à la recherche de spots pour le bar au lieu d’aller taquiner le saumon mais aussi du fait des niveaux d’eau catastrophiques de cette fin de saison. La période semble favorable pour le bar d'après mes collègues, donc j’en profite…
Je ne connais encore une fois pas grand chose à cette pêche ni aux estuaires proches de mon domicile mais de part les échos de mes amis pêcheurs à vue (aux leurres) le potentiel est là, même si ce n’est visiblement pas une année record.
Lorsque l’on se met dans une nouvelle « discipline » il faut tout d’abord écouter les nombreux conseils, faire des recherches sur le net, trouver des spots, comprendre le fonctionnement de ce nouvel habitat-biotope et bien sûr le comportement, régime alimentaire, humeur, mœurs et coutumes de notre nouvel adversaire.
L'un des mets favoris du bar, le crabe vert! la plupart des estuaires en regrorgent
Effectivement cela fait beaucoup de choses nouvelles à apprendre, comprendre et à analyser mais ce qui me plait beaucoup dans la pêche c’est toute cette phase de recherche, d’étude, d’analyse qui fait que l’on doit se creuser la tête constamment pour s’adapter à un nouveau terrain de jeu, une nouvelle espèce. Le fait de pratiquer notre loisir pour différentes espèces permet d’être un pêcheur complet et de pouvoir mettre à profit ce que l’on a appris pour chacune d’entre elle.
Je pars de 0 ou presque car même si cette première prise de Juin 2015 dès ma première sortie m’a fait très plaisir et m’a décidé définitivement, je sais très bien que c’est exactement ce que l’on appelle la « chance du débutant » et que je vais vivre de nombreuses sorties sans voir de poisson, avoir des doutes, être parfois perdu, découragé, mais personnellement c’est cette remise en question, ce renouveau que je cherchai aussi dans cette pêche car l’apprentissage est ce qui me motive le plus dans la pratique de notre loisir. Un renouvellement.. un nouveau départ !
La recherche des spots que fréquentent les bars prend beaucoup de temps et n'est pas aisée mais fait partie intégrante de cette pêche très spécifique
J’aime les pêche difficiles, j’adore trouver de nouveaux coins, de nouvelles techniques, mouches qui peuvent faire la différence. Apprendre un nouvel environnement, et surtout le comportement d’un nouveau poisson et dans le cas du bar, c’est vraiment un prédateur au sens large du terme qui peut vivre en pleine mer comme en estuaire voir sur la partie basse de certaines rivières où il vient chasser dans les truites, mulets, et qui s’adapte à de nombreux milieux. C’est de plus un poisson très méfiant qui semble analyser son environnement et ces proies dans les moindres détails. Bref, cela fait 15 ans que j’aurai du m’y mettre même si je l’ai recherché aux leurres en 2003 et 2004 sans avoir connu un succès à la hauteur de mes espérances mais en prenant tout de même quelques beaux poissons.
Le bar est un prédateur fantastique, superbement adapté à son milieu
Alors me voilà les pieds dans la vase, à analyser les spots, consulter tous les sites internet qui peuvent m’apporter des infos, lire les blog notamment « Fishing Victim » de Bertrand qui est à consulter pour les accrocs de cette pêche à vue et qui en plus de montrer de belles photos de gros « pépères » apporte des infos et de super récits de passionnés, mais aussi je dois monter des mouches pour trouver l’imitation qui séduira les bars que je pourrai croiser, … sachant que dans cette technique, la pêche aux infos est plutôt rude car presque tout est gardé secret, surtout les « spots à poissons », les horaires,.. C’est un travail personnel et même si c’est un peu surprenant cela se comprend car une fois un spot trouvé à une certaines heures, coéf. , hauteurs d’eau… celui-ci devrait être intéressant dans les même conditions et retrouver certainement les même bars « résidants ou d’estuaires ». Donc la part de secret est compréhensible pour conserver de bons spots où nos bars fidèles reviennent se nourrir par moment.
Une situation parmi tant d'autres .. de gros bars en chassent sous les parcs à huitres.. Quel spectacle!
Cette année après 5-6 sorties, j’ai eu la chance de tomber sur un superbe bar en chasse qui cherchait des crevettes et crabes sous les goémons. Un petit lancer plus tard mon premier « vrai gros » (en tout cas pour moi) venait gober mon crabe maison et se retrouvait au bout de ma ligne et venait concrétiser tout le travail de recherche que j’avais réalisé les derniers jours.
Mon imitation de crabe bien engamée!
Un superbe poisson de 65 cm pour 2,6 kg que j’ai gardé (et cela sera le seul) pour analyser son contenu stomacal afin de mieux comprendre leur régime alimentaire en estuaire. Ce bar avait une dizaine de crabes de toutes tailles (de 1 à 5-6cm de diamètre), et un bonne trentaine de crevette mais pas de trace de poisson. Un combat digne d’un prédateur marin qui me fera un gros rush de plus de 20 m et tentera tout pour me fausser compagnie.. mais en vain !
A cet instant j’étais un pêcheur comblé, et surtout une nouvelle addiction était née !
Un bar en pleine forme de 5 livres pris à vue sur un crabe maison
Les sorties se sont ensuite enchainées pour trouver de nouveaux coins sur plusieurs estuaires toujours dans le but de comprendre cette pêche et voir des bars dans leur environnement et trouver ce qui peut faire un « bon spot à bar d’estuaire ». Lorsque vous tombez nez à nez avec un ou plusieurs bars en vadrouille ou en chasse, c’est un spectacle magnifique ! Ils chassent parfois sous les parcs, viennent pousser les crevettes contre une berge abrupte, ou encore fouiller le nez dans la vase sous le goémon à la recherche de petits crabes verts… Chaque sortie nous permet de mieux comprendre cet environnement et cette espèce même si nombres d’entre elles sont infructueuses non pas par ce qu'il n'y a pas de capture à la cleff, mais par le simple fait de ne pas trouver le « spot qui va bien » ou de trouver de bars sur postes ou passer.
En effet, une sortie où l’on voit un ou plusieurs bars est déjà une demi-victoire, alors quand l’un d’entre eux daigne s’intéresser à votre mouche ou voir même la prendre avec entrain, les sensations sont décuplées !
C’est une pêche passionnante qui demande beaucoup d’heures de terrain et où les chances de réussite sont réduites et prennent du temps, mais c’est à nous de faire en sorte d’augmenter ce ratio et de nous adapter à ce poisson méfiant, bagarreur et au combien intéressant !
A bientôt pour de nouvelles aventures dans cette quête qui va m’occuper pendant encore quelques années !
(crédits photos @jeanbaptsite-vidal - enjoyfishing)
Jean-Baptiste
www.jeanbaptistevidalguidepeche.com
Matériel utilisé:
- Canne SAGE ONE 10 pieds soie de 7 ou SAGE XI3 9 pieds soie de 8
- Moulinet SAGE 3200 ou SAGE 2280
- Soie RIO Bonefish
- Fluorocarbone de 20 à 27 lbs
- Mouches: "Petite enragé", et crevette de Franck Ripault, mouche crabe maison type, imitation de lançon, mulet, gobie de ma fabrication.
Commentaires
Un reportage intéressant,et de belles photos,félicitations .
Cordialement
Merci pour votre commentaire. Bonne visite sur mon blog. Vous avez aussi mon site:
www.jeanbaptistevidalguidepeche.com
Cordialement,
Jean-Baptiste